Lundi 24 juillet

Publié le par Perrine

 Hum, cette photo est pas vraiment top... mais bon c est la seule que j ai pour le moment, je precise que ce n est pas mon bureau, mais celui de la secretaire que je squatte l apm, car elle bosse a mi-temps... Le matin c est moins luxe...

 

De l’intérêt du blog pour la libération des boîtes e-mails :

 

La femme moderne avait son rasoir rose, son passeport, désormais elle peut aussi avoir son blog, quelle merveille… Ceci devrait éviter à vos boîtes e-mail l’overdose de missives émerveillées par des buildings gris, et permettre à ceux qui ont envie de lire quelques/ beaucoup de/ nouvelles du Kosovo de le faire à leur guise…

 De mon côté je ne me lasse pas du bar lounge –bibliothèque -coucher de soleil sur cette ville, « la pire du monde », comme me disait un collègue, mais où, definitly, « il y a quelque chose ». (nb. : le bar lounge est ravi d’accueillir des concerts de musicos français alors avis aux amateurs…y’a qu’à contacter le service d’action culturelle de l’ambassade).

 

 Des procès locaux un peu lunaires menés par les internationaux, mardi 18 juillet

 

Ai accompagné Samir, mon collègue qui s’occupe du monitoring des procès, à la cour de Pristina : procès d’un ancien général de l’UCK, plutôt radical à ce que j’ai compris, accusé pour le meurtre d’un autre général plus modéré…

 

Les juges : un Pakistanais, un Ghanéen et une juge de Singapour, car même les procès locaux sont confiés aux internationaux, sont face à l’accusé, en liberté car il a déjà purgé une peine de prison, il y a aussi ses 2 avocats, un procureur canadien, et nous sur un banc…

Traduction simultanée par un Albanais et prises de notes par une Asiatique. L’affaire est apparemment pas très importante et le côté international de la cour est vraiment surprenant, car on est habitué à voir ce genre de composition pour les grands procès du Tribunal pénal pour le Rwanda ou du TPI Y pour les crimes de génocide.

Pour moi c’était évidemment très intéressant, même si la journée a été quasiment uniquement consacrée à la procédure, à l’enregistrement des preuves et à la relecture des procès-verbaux des précédentes audiences (problème de traduction…), mais c’était passionnant à observer, d’un point de vue juridique comme sociologique.

Comme souvent ici, le mot qui me vient tout de suite est « surréaliste », et vraiment ça l’est.

Samir m’a expliqué au passage la hiérarchie selon l’UCK : pas d’armée, mais que des commandants et des généraux, sans surprise tout le monde était « chef » en somme…

 

Activistes des droits de l’Homme ?

 Vendredi, visite de la municipalité de Gora/Dragash , au carrefour des frontières albanaises et macédoniennes. La ville est derrière la montagne, après Prizren, la route magnifique, comme d’hab’, mais très longue depuis Pristina.

 

Nous sommes arrivés en plein marché. Les commerçants ont recyclé les tentes en plastique du HCR, qui étaient distribuées dans les camps de réfugiés pendant la guerre en bâches pour leurs stands. L’atmosphère est hyper tradi, bien différente de Pristina au niveau vestimentaire. On est allé à la Mairie, pour savoir si il y avait des problèmes avec les minorités, ce à quoi on (les responsables des minorités) nous a répondu que non il n’y en avait pas, et que d’ailleurs les droits de l’Homme ça sert à rien. Mes collègues étaient complètement furax en sortant de là.

Moi je comprenais pas grand chose, mais je voyais bien que nos bureaucrates se montraient pas très coopératifs… Ils m’ont demandé ma carte de visite et ça leur a pas trop plu que je n’en ai pas, genre pas trop bienvenus les volontaires français sans statut de chef de quelque chose. Mais ils ont vite compris que ce qu’ils disaient ne sortirait pas de ce bureau, ou du moins que si c’était le cas ce ne serait pas de ma faute…

 Vendredi, soirée  « Jet Set »

 

 Vendredi soirée avec un collègue, Besnik (le trop chouette logisticien), et ses amis (monsieur marketing de Tobacco Kosovo). C’est assez marrant de redécouvrir Pristina by night, dont j’avais déjà eu un aperçu l’année dernière. Il faut avoir en tête que Pristina est une des villes d’Europe les plus jeunes. Au Kosovo, la moyenne d’âge est de 24 ans, mais ici dans la première ville du Kosovo, « jeune » c’est même carrément moins, et cela donne une atmosphère assez sympa il faut dire.

 

Les bars branchés, c’est pas désagréable non plus et c’est toujours intéressant de parler avec les gens. Par exemple, discuter avec le monsieur marketing de Tobacco service, qui a tout « des nazes que je cherche à fuir d’habitude » disait Romain Duris ce philosophe de renom au début de l’Auberge espagnole, se révèle être finalement assez intéressant. En Allemagne pendant la guerre, il est ensuite rentré pour « participer à la reconstruction  économique du pays » (enfin se faire du blé, ça dépend du point de vue). Il a bossé pour Coca Cola, et maintenant il vend des clopes, bon c’est pas de l’humanitaire, on est bien d’accord… Cela dit ça fait quand même plaisir de voir des gens entreprenants dans le coin vu la sinistrose économique. Il se balade en bagnole décapotable style Beverly Hills à je ne sais combien, c’est la frime à l’état pur mais c’est marrant. Sinon, c’est la seule personne que j’ai rencontrée qui soit optimiste sur l’avenir du Kosovo, sur le thème « je sais que mon pays va vers l’indépendance et j’ai confiance », c’est pas de la grande analyse géopolitique, mais pour une fois ça fait plaisir à entendre surtout lorsque c’est accompagné d’un « les minorités peuvent vivre ici ça ne me pose pas de problème, j’aime la musique bosniaque, que j’écoutais dans ma voiture après la guerre et qu’il fallait couper à l’arrivée des policiers albanais. Donc on s’en fout, on peut tous vivre ensemble ». Vu le nationalisme de comptoir qui prévaut chez certains (heureusement pas à l’ONG), croyez-moi c’est plus sympa d’entendre du je m’en-foutisme-non-nationaliste-et-optimiste-de-comptoir.

 Les bars passent Shakira et Madonna, ouf me voilà sauvée, ça compense le fait qu’il n’y ait pas de mojito. L’ambiance de Pristina by night est vraiment cool et je devrais pouvoir continuer à me plaire ici.

 

 Week-end à Novi Pazar

 Samedi matin, départ pour Novi Pazar au Sud de la Serbie, donc au Nord du Kosovo (je vais mettre une carte très vite), 100 km, 3 heures de route…2 frontières où il faut monter son passeport, c’est légèrement surréaliste, considérant que théoriquement, on est toujours dans le « même pays ». La route est magnifique, bordée par un lac immense où les gens pêchent, je crois que je me lasserai pas des paysages des Balkans, c’est vraiment très beau. Temps aixois, il fait très chaud, je retire ce que j’ai dit sur le temps pourri au Kosovo. On part avec Sabine, une collègue, dans sa famille.

 

 

 Des aigles :

 Sur la route, on croise les traditionnels monuments à la gloire des combattants de l’UCK, le drapeau rouge albanais flotte au dessus, comme sur les stations services, les maisons, souvent vides et pas terminées d’ailleurs, comme sur la première voiture des défilés de mariage, nombreux le week-end, bref comme partout… en parlant de nationalisme, et sans surprise cela dit, on n’est pas reste ici.

 

 

 Des agapes (1) :

 Week-end placé sous le signe de la bouffe, là j’en peux plus, je veux juste des yaourts 0% tellement j’ai mangé… Y’a de quoi prendre 10 kg en une semaine ici :  le midi c’est pizza, ou burek (sorte de pâte feuilletée fourrée, très bon mais je veux même pas savoir combien de points weight weightcher ça fait), accompagné de yaourt comme boisson et coca tout temps…

 

 

 Et ce week-end c’était plus traditionnel bien sûr, bon, mais copieux : le matin on a mangé une espèce d’omelette aux épinard, la maman m’en a mis 4 parts dans l’assiette et je suis passé pour une anorexique à en manger que 2, mais à 10h du mat’ je pouvais pas faire mieux), avec du yaourt bien sûr.

 

La famille était adorable, le papa était prof de sport et malgré un âge avancé a gardé un look très jeune et ne quitte pas son sourire, la maman était au petits soins et l’hospitalité quasi-africaine.

 

Novi Pazar est une chouette ville, petite, surprenante, avec une architecture soviétique mélangée à une vieille ville remplie de petites échoppes très basses, l’influence turque y est comme souvent très marquée et il y a de nombreuses mosquées. Il a fait bon s’y balader et prendre le soleil en terrasse.

 

Des agapes (2) : des poivrons farcis (un paragraphe pour ma maman)

 

 

Oui oui la maman a cuisiné des poivrons farcis (mon plat préféré ndlr), le samedi, presque comme toi, en tout cas l’odeur était la même, et c’était un régal à manger. Voilou, ça m’a fait plaisir de me sentir comme à la maison.

De la drogue et de la gouvernance, de Ben Laden, du mariage et du câble qui ne rend pas que des services :

On a rencontré les amis de Sabine, qui avaient amené leur fils de 15 ans, qui a un anglais parfait, pour me faire la traduction, c’était vraiment sympa car le reste du week-end c’était dur niveau langue. J’ai parfois l’impression d’être dans un film en VO non sous titrée et c’est parfois très déroutant d’être paumée au milieu d’une conversation où tu ne comprends strictement rien, surtout que ça arrive que les gens parlent de moi « francuski za Paris » pas en mal je suppose, mais ça soule à la longue. Je n’ai pas de don pour les langues étrangères, ça se saurait, mais là je ne sais même pas par où commencer pour apprendre et m’en sortir mieux, car par exemple ce week-end tout le monde parlait serbe, mais au boulot c’est l’albanais qui prime, sauf quand on rend visite à des Serbes pour le projet sur les minorités…

 

 

C’est un peu galère, et je pense que j’avais complètement minimisé (même pas pensé…) ce problème avant de partir bosser pour une ONG  locale en me disant qu’avec l’anglais ça irait (et d’ailleurs ça va pour tout ce qui est boulot basique et conversations avec les collègues, mais bien sûr ça ne suffit pas).

 

Bref, les amis de Sabine dirigent une ONG qui lutte contre la drogue, notamment chez les jeunes. Il semble que Novi Pazar soit sur la route de l’Afghanistan vers le Kosovo, les pays alentours, et les Etats Unis et que la ville soit donc très touchée par la consommation d’héroïne, ce dont les pouvoirs publics se foutent. Bon, l’ONG étant sponsorisée par les Américains (Etats-uniens, sorry), je me méfie du discours sur l’Afghanistan d’où viennent tous nos problèmes c’est bien connu… Cela dit, le boulot abattu par ces personnes est impressionnant. Je suis repartie avec mon DVD de leur dernière manif, un tract et leur journal… Des vrais militants en somme.

 La seconde partie de soirée était plus relou, car ils m’ont présentée à des « jeunes à marier », sur le thème ici on a même le câble en français donc si tu te maries avec mon frère, mon cousin mon pote, tu peux survivre, on n’est pas sous développés, ce sur quoi je suis d’accord, mais pour le reste ça m’a fait marrer 5 mn pas plus. Heureusement Sabine me faisait des clins d’œil pour me montrer qu’elle savait qu’ils étaient hyper lourds et j’avais l’appui du jeune de 15 ans pour traduire mes vannes. Je m’en suis donc sortie grâce à mon naturel offensif-défensif et j’ai ramené la conversation sur des trucs plus intéressants, genre les criminels de guerre Mladic et Karadzic hébergés dans les montagnes et les monastères, les bombardements que ces personnes, bosniaques, soutenaient en 1999, et les musées de Belgrade à la gloire de Tito (soit dit en passant, les gens sont assez nostalgiques du communisme et de la grande Yougoslavie où tout le monde avait un emploi. Comme en Roumanie, ça fait pas mal relativiser sur l’équation chute du bloc de l’Est = la libération absolue des peuples et maintenant c’est trop la fête de la liberté (avec 60% de chômage), comme on nous a appris à l’école).

 

Bref, j’ai dû passer pour l’intello de service mais tant pis. Au final je me suis fait inviter par la maman prof de droit à faire une conférence pour ses élèves sur les droits de l’Homme et les minorités, donc ça c’est plutôt cool et j’y retourne donc en septembre pour rencontrer ses classes. Il va falloir adopter le bon ton pour parler à ses jeunes des minorités mais c’est un défi sympa à préparer. Et puis c’est agréable de contribuer à satisfaire leur curiosité à propos des étrangers. Ici comme souvent on me donne l’occasion de méditer sur la chance d’être Française et de pouvoir bouger pratiquement partout sans plus de préoccupations. Le jeune qui parle anglais doit aller en Norvège pour une conférence sur les droits de l’Homme et il est pas sûr d’avoir le visa, qui par ailleurs coûte très cher. Tout ça pour une conférence de 3 jours, ça craint. Et évidemment tout le monde rêve de Paris, du Louvres, et personne peut y aller car c’est cher… Ca me met souvent mal à l’aise, à juste titre je pense. La liberté de voyager est un luxe dont on n’est pas beaucoup à bénéficier….

 Le dimanche en VO

 

Après un petit déjeuner kébab (spécialité du coin) dans un petit resto, pendant lequel j’ai bien eu du mal à avaler ma viande alors qu’il était 10h, que je venais de me lever et de prendre mon café (mais je me devais de faire honneur aux traditions culinaires du cru), et une visite d’un très beau monastère orthodoxe des environs, le dimanche s’est passé tranquilou en famille sauf que quand c’est pas la tienne et qu’elle parle que serbe, c’est trop bizarre et je dois avouer que j’étais assez soulagée de repartir vers Pristina regarder la télé en anglais parce que j’en avais marre de sourire sans bouger…Au moins j’apprends la patience et la méditation, je vais sans doute revenir très sage voire très bouddhiste à défaut de revenir avec un serbo-croate courant.

 

Du retour et des check points

Mais avant, des agapes encore et toujours : après une collation gargantuesque, où j’ai eu beau expliquer que j’avais pas faim, mais « comme la viande était cuite sans huile, c’était sain et ça fait pas grossir, et puis de toute façon tu es maigre et tu vas bien reprendre du fromage », il fallait que je mange, on a repris la route pour Pristina. Nous avons passé un contrôle de police avant la frontière, puis les 2 frontières, puis un contrôle de la KFOR suédoise (fouille complète de la voiture, portières, coffre, pour la drogue et les armes), puis un autre contrôle de police côté Kosovo, soit pas moins de 5 arrêts et de 3 contrôles de passeport en 100 km, on était épuisées en arrivant et j’ai encore dû manager une douches froide et une inondation de machine à laver. Mais c’était un bon week-end, reposant, et l’accueil de la famille était vraiment chaleureux. Le week-end prochain on devrait partir à Skopje en Macédoine, toujours avec Sabine, qui est vraiment sympa, et il paraît que Skopje ça déchire…

 

 Lundi où le pourquoi de tous les check points de la veille…

 

 …dus à une surveillance maximale à cause du départ aujourd’hui de la délégation kosovare (Président, Premier ministre et autres du gratin politique) pour Vienne, où ont lieu en ce moment les négociations sur le statut final du Kosovo (je vais mettre des doc là dessus pour ceux que ça intéresse). Il y a donc eu une manif aujourd’hui, qui a eu très peu de succès, pour protester contre les négociations avec la Serbie. Par ailleurs, le Premier Ministre serbe, Kostunica, a quitté la table des négociations et a refusé de parler avec la délégations kosovare. Chaque partie tente d’impressionner l’autre et de montrer sa détermination, avant l’ouverture d’un vrai dialogue, s’il doit avoir lieu…

 

Et dans la série Fan des US, Clinton était évidemment sur toutes les chaînes hier pour donner son avis sur la question... A suivre.

 The end for today, en bref :

Tout va bien à part les douches froides, je me plais ici, mes collègues m’ont adopté, je parcours le Kosovo dans ses moindres recoins et petits villages où je vois des vrais gens tous les jours, du vrai terrain en somme même si je ne suis pas directement très « active », j’emmagazine tout ce que je peux et j’essaie de comprendre le Kosovo, pas facile à démêler, quoique étant un véritable cas d’école pour « juriste internationaliste de terrain » en devenir.

 

 

Hum, j’ai juste un petit mémoire à rédiger, les Jitou vous en êtes où ? moi je crois que je vais ramer pour m’y mettre, mais il va bien falloir…

DES BISOUS ! j’attends des news et les réactions à mes supers « articles » sont les bienvenues

 

Publié dans perrinexpat

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Salut Perrine!!<br /> Super idée le blog...en plus , il faut dire que tu as un vrai talent literaire...faudrai penser à faire de piges quelque part. enfin, c'est un vrai plaisir de lire des si passionnés articles.<br /> Idée gourmande: Une bonne daube à la provençale<br /> <br /> Ingrédients pour 4 personnes :<br /> <br /> <br /> 800 g de viande de boeuf à daube <br /> 100 g de couenne <br /> 4 carottes <br /> 2 oignons <br /> 2 tomates <br /> 100 g d’olives <br /> 1 cuillère d’huile d’olive <br /> 2 pincée d’herbes de Provence <br /> sel, poivre, zeste d’orange <br /> 1/2 litre de Côtes-du-Rhône <br /> <br /> <br /> Préparation de la daube : <br /> <br /> <br /> Couper la viande en cubes de 3 cm de côté environ, ainsi que la couenne, les carottes en rondelles, l’oignon en tranches. <br /> Disposer au fond d’un auto-cuiseur la couenne puis la viande, les oignons, les carottes et tomates, saler, poivrer. <br /> Ajouter l’huile, le zeste d’orange, les herbes de Provence, les olives, le vin et compléter d’eau jusqu’à recouvrir la viande. <br /> Faire cuire 1 heure <br /> Servir chaud accompagné de Côtes-du-Rhône Village <br /> <br />  Je ne sais pas si tu as un "auto-cuiseur" ( je ne sais même pas kesako) mais une cocote minute devrait faire l'affaire ( 40 a 45 minutes) sinon un cacerole toute bête ( 1 bonne heure de cuison)<br /> Autre idée: une salade nicoise....si tu trouves du thon bien sur!!!<br /> Allez, à plus...............................................................................................<br /> <br /> <br />
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