Week-end à Sarajevo, ou l’on retrouve son latin en Bosnie !

Publié le par Perrine

Voilou, il s’est fait attendre, mais est arrivé, frais mais mûr, gorgé de pluie, écrit sur fond de techno vous savez où…Non pas le Beaujolais nouveau, mais le récit du week-end à Sarajevo :

 

 

 

 

 

« Une histoire de bus qui roule » (longtemps)

Le week-end à Sarajevo s’est bien passé, je ne sais pas par où commencer pour le raconter, donc on va dire que c’est « une histoire de bus qui roule au départ d’une gare routière »…

 

 

 

Le trajet aller était glauque au possible, pluie battante à la nuit tombante sur le Kosovo, nuages bas, la déprime totale en soi, sur des paysages que je trouve d’habitude magnifiques (notamment le grand lac de la frontière Kosovo-Serbie) et qui là prenaient un autre relief, genre, on pouvait imaginer des paysages d’Ecosse remplis de monstres des lacs qui font trop peur… En plus comme de par hasard la musique dans le bus était méga déprimante (de mon point de vue, mais locale pour les locaux).

 

 

 

 

 

Mais j’étais trop contente, j’arrivais pas du tout à m’empêcher de sourire malgré la mélancolie des paysages que l’on traversait. C’est l’effet voyage, monter dans un bus pour faire des bornes est un plaisir en soi, rouler, il faut être un peu barge pour aimer ça à ce point, mais je sais que nombreux d’entre vous qui liront ce post ressentent la même chose, et pourtant ! Je me disais voilà, repartie pour des nouvelles aventures et j’étais ravie.

 

 

 

 

 

Bien sûr j’ai déchanté un peu par la suite et troqué mon sourire contre un bon mal de dos, car 12h de bus, c’est long, surtout quand ce temps est bêtement occupé à s’arrêter à des frontières pendant 1h, et là je n’exagère pas, le temps qu’ils contrôlent et tamponnent tous les passeports et que la douane fouille le bus. Quant à la route, elle est vraiment mauvaise, normalement les nouveaux corridors européens qui relieront l’Europe de l’Est vont permettre de vite améliorer les choses, mais pour l’instant c’est un délire de 40km/h sur des routes étroites en montagne, et l’on se traîne. En voiture il paraît qu’on met 6h pour faire le même trajet.

 

 

 

 

 

« A kind and sweet » Perrinou sans frontières

Toutefois, en bonne marmotte, j’ai dormi tout du long sauf aux postes frontières, où une Française est toujours rare, donc les mecs se la pètent et décident parfois d’être chiants, comme ce douanier qui me demandait si j’étais rentrée au Kosovo par la Macédoine (auquel cas c’est plus compliqué de rentrer en Serbie, donc ça lui aurait donné un motif pour me rembarrer), alors qu’il voyait bien sur mon passeport que j’étais rentrée par la Serbie. Ma collègue m’a ensuite expliquée que je devais être « very kind et very sweet » avec les douaniers (blagounette me connaissant), je ne vais quand même pas me mettre à genoux alors que je suis dans mon bon droit et que les types font du zèle. Enfin, c’est un privilège d’européenne encore une fois. Les gens de la région sont hyper inquiets aux frontières (d’autant plus quand on passe 4 contrôles) et s’écrasent. Ceux pour lesquels il y a un « problème » doivent évidemment payer des bakchichs et c’est toute une histoire. Mon pote du Kirghizstan qui faisait ses études à Sarajevo et son stage au Kosovo n’a pas passé la frontière Serbe pour une raison obscure et n’a pas pu rentrer en Bosnie…Il attend que la situation se débloque à Prishtina. Luxe de la citoyenne de l’UE d’aller partout sans visa et de ne pas s’inquiéter d’arriver au but du voyage (ma collègue, elle, était très inquiète et me demandait si j’étais sûre qu’il ne fallait pas un visa et espérait très fort que « ça allait marcher », alors que moi je ne me tracassais pas trop).

 

 

 

 

 

C’est là que je retrouve mon latin !

On est donc arrivées à 6h, et Diana m’a emmenée dans sa famille, super chouette pour un petit dèj. royal avec cafés turcs à la pelle et une matinée à discuter avec ses filles et ses sœurs, anglophones, sympas et marrantes comme tout, dans un appart sarajevien cossu et chaleureux.

 

 

 

 

 

A midi, j’ai retrouvé Analia à l’OSCE, c’était juste trop bien de voir une frimousse de pote et de parler français. J’étais super heureuse. En fait c’est fou comme ça peut isoler et rendre maussade à la longue de parler si peu. Même si mes collègues sont adorables, c’est vrai qu’on parle à peine anglais à l’ONG donc j’ai pris l’habitude des journées silencieuses, entourée de gens qui parlent un « charabia » bilingue albanais serbe quasi incompréhensible pour moi et pour être honnête ça me pèse. Je crois que c’est la première fois que je me sens étrangère à ce point quelque part. En Afrique, le choc culturel n’avait rien de comparable avec cette immersion où je ne pige jamais rien. Être blanche c’était presque plus confortable que de passer absolument inaperçue, de se fondre dans le décor et de ne rien capter.

 

 

 

 

 

Déambulations girlies en Sarajevie

Enfin, trêve de réflexions linguistiques, reprenons le cours de ce séjour à Sarajevo. J’ai dormi du sommeil du juste dans l’appart, très agréable, d’Analia tout le vendredi après-midi, ensuite on est allées prendre un pot avec ses collègues et je suis partie avec elle à la découverte de Sarajevo. Mes premières impressions : constater avec étonnement que tout marchait plutôt correctement, mais Analia me faisait justement remarquer que la guerre était terminée depuis plus de 10 ans, donc en comparaison, c’est bien plus récent au Kosovo. Je m’attendais à ce que Sarajevo soit plus roots et défoncée, mais en fait non, c’est une capitale européenne de 2006, où l’on ne voit pas les cicatrices de la guerre si on ne lève pas le nez. Les véhicules internationaux (la Bosnie est toujours sous le protectorat de la communauté internationale) y sont un peu présents, mais bien moins qu’au Kosovo. Il y a quand même pas mal de militaires en tenues.

 

 

 

 

 

La ville a beaucoup de cachet et est vraiment charmante. L’atmosphère est calme, sereine, douce. On y a croisé pas mal (enfin c’est relatif) de touristes français et italiens, au milieu des badauds bosniens. Les impacts de balles sur des immeubles magnifiques, malheureusement mal ou pas du tout entretenus, sont impressionnants, vestiges du siège de Sarajevo. La ville est un peu en hauteur et entourée de collines, ce à quoi je ne m’attendais pas non plus, un peu bêtement d’ailleurs, parce qu’en même temps si les Balkans étaient plats, ça se saurait. L’influence orientale y est très marquée, avec plein de petites échoppes basses dans la vieille ville, où l’on vend des tapis, des cafetières turques et des plateaux argentés, des bijoux, plein de trucs qui brillent en somme. Il y a une très belle mosquée au centre, entourée d’une jolie cour, calme, que l’on n’a pas pu visiter malgré nos 5 tentatives du week-end car elle était toujours fermée.

 

 

 

 

 

Il y a plein de tramways, une belle bibliothèque bien abîmée toutefois, une rivière, dont j’ai oublié le nom, qui offre des balades agréables sous les arbres, dont on a profité le samedi matin, avant une après-midi shopping effrénée. Il fallait nous voir toutes les deux, sevrée de copines et de magasins depuis au moins 1000 ans, repartir toutes gaies avec un tee-shirt qui brille ou une jupette à volants. Les Parisiennes en folie…

Dans la série hédonistes-touristes, on a bien profité des plaisirs culinaires bosniens, notamment dans un resto typique ou la viande était super bonne (j’avais écrit « trop bonne », mais j’ai corrigé pour mon grand-père qui dit toujours « ça ne peut pas être trop bon ») et chez Analia, qui est plutôt cordon bleue et qui manage bien le poivron bosnien et le fromage fumé.

 

 

Un samedi soir cool au carré 

On est aussi sortie avec ses collègues dans les endroits branchouilles de Sarajevo by night. Dans un bar à vin super lounge, avec des petites tartines de fromage très appréciables, puis à « The Bar », une boîte avec terrasse sympa aussi, où l’on a bien dansé, juste quelques peu atterrées par le style de notre voisine en mini-jupe avec déhanché de Bimbo.

 

 

 

 

 

Je ne vais pas vous raconter ça par le menu, c’était un samedi soir « lambda », sauf que toutes les 2, notre dernier samedi soir c’était plutôt « solitude sur canapé à imaginer un Lonely Planet Balkans qui recenserait des trucs ouverts et serait en plus livré avec des potes funky », donc là c’était doublement plus cool qu’un samedi soir cool. Fallait se rattraper de celui d’avant ! Et ça va, on s’est acquittées de la tâche avec brio. Et l’on a refait le monde jusqu’à 4h du mat’ dans la cuisine. Ma conclusion du week-end c’est que Sarajevo c’est très beau, les Bosniens, ils sont cool, mais qu’avoir des potes, ça déchire grave !

 

 

 

 

 

Dimanche déluge

On a un peu déchanté le dimanche, car si le lundi au soleil n’est pas un mythe comme le chante Clo-Clo, il n’a rien à envier au non moins non mythique le « dimanche sous la pluie même au mois d’août » que personne ne chante de peur qu’il ne pleuve davantage ! Les Parisiens se sentiront solidaires… La veille c’était capricieux, soleil et averses (il y a un proverbe qui dit qu’à Sarajevo on peut voir les 4 saisons en une journée et cela semble plutôt vrai) mais agréable quand même, mais là c’était un déluge interminable qui nous a clouées à la maison après le marché dominical. Bon heureusement on avait un stock de victuailles, de la glace et du chocolat, de la bonne musique dans toutes les langues latines et des épisodes de Friends, pour narguer la pluie battante…

 

 

 

 

 

Retour easy et goût cacahuète au Kosovo

Et il a déjà fallu repartir, d’ailleurs c’était rigolo de rentrer « chez moi », au Kosovo, avec mes « compatriotes » du moment, Bosniens du Kosovo.  La famille de Diana, que je n’ai pourtant vue qu’une matinée, m’a quittée en me souhaitant tout le bonheur du monde dans ma vie et en m’invitant à revenir quand je veux. Ses sœurs étaient adorables. L’hospitalité est vraiment importante ici et les gens se font un devoir d’honorer cette tradition. C’est touchant.

 

 

 

 

 

Bon je vous passe la glauquitude du départ dans la gare routière grise à 21h sous la pluie. Le trajet, en compagnie des filles de Diana qui me filaient des snacks aux cacahuètes, était chouette. D’ailleurs il devait y avoir des somnifères dans les bretzels fourrés (ou alors je n’ai plus l’âge de refaire le monde jusqu’à 4h) car j’ai encore dormi 10h, ce qui a été facilité par des passages de frontières bien plus rapides qu’à l’aller. On n’a pas eu non plus à changer de bus à Novi-Pazar. « Dieu était avec nous » a dit Diana, son propos étant surtout justifié par le fait qu’une dame qui puait trop et qui était assise à côté de nous ait changé de place et se soit mise au fond du bus sans qu’on le lui demande. On est arrivées sous un soleil magnifique à Prishtina et Diana est partie au boulot, mais moi j’ai pris une matinée de congé-marmotte-stagiaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans perrinexpat

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